JTCLASSBLU 15

Il est décédé le 11 septembre à l’âge de 89 ans
Article signé Marjolaine Margue, paru dans la Gazette du Val-d’Oise du 17 septembre 2014

Il portait le nom d’un homme de lettres et pourtant Antoine Duhamel préférait les notes… A 89 ans, le compositeur de la nouvelle vague est décédé jeudi 11 septembre dans sa maison familiale de Valmondois.

La musique fut un art présent depuis toujours dans la vie d’Antoine Duhamel, né en 1925 à Valmondois, auquel son père, Georges Duhamel, passionné lui-même de musique, l’initia.

Une grande carrière

C’est à 16 ans qu’il pense avoir eu le déclic pour l’écriture musicale : au lycée nous étions une bande de copains musiciens. Après mon baccalauréat, je suis entré au conservatoire pour suivre mes études. Nous étions alors en 1945, confiait-il en 2009. En parallèle de ses études au conservatoire, il suivra des études musicales à la Sorbonne, sur les recommandations de son père. Il a la chance d’avoir pour professeurs au conservatoire Olivier Messiaen et René Leibowitz dont il dira notamment : ce dernier va m’apporter beaucoup. C’est grâce à lui qu’à vingt ans à peine, je vais composer pour la première fois.

Duhamel commence son aventure dans le septième art, en 1956, avec des publicités et des courts métrages. C’est à cette période qu’il rencontre deux grands amis, Albert Chapeau et Philippe Coudroyer avec qui il réalise Diamètres en 1962. Puis il travaille avec les plus grands. De Godard, il disait avoir appris comment on se sert de la musique ; il composa notamment celle de Pierrot le fou mais aussi de Week-end. Il travailla aussi pour Truffaut (Baisers volés, La Sirène du Mississipi, l’Enfant sauvage…) et surtout avec Bertrand Tavernier (La Chance et l’Amour, Que la fête commence…) avec qui il nouera une forte amitié.

C’est une soixantaine de partitions qu’il nous laisse. Il composa pour le cinéma jusque dans les années 2000 puis prit peu à peu ses distances avec cet art qui selon lui fait souvent preuve de négligence vis-à-vis du compositeur.

Hommage

Il compose aussi en parallèle des œuvres concertantes et symphoniques, des opéras, des mélodies et des chansons. Il fonde, en 1980, L’Ecole nationale de musique de Villeurbanne.

Le compositeur fut une figure emblématique de la commune de Valmondois, où il possédait une maison dans le hameau de la Naze. Une demeure acquise par son père et qui verra naître le prodige. C’est là qu’il s’est éteint paisiblement, entouré de sa famille.

Antoine Duhamel était quelqu’un d’exquis, toujours très accueillant et qui en plus d’avoir un énorme talent, était un extraordinaire humanitaire. Il était très apprécié des habitants de Valmondois de par sa présence dans la vie de la commune et tous avaient un profond respect pour le grand homme qu’il était confie Anne Saglier, adjointe au maire de Valmondois.

La municipalité a rendu un premier hommage au compositeur, lors de l’exposition L’envers de la guerre, consacrée aux photographies de son père, Georges Duhamel. Des morceaux de ses plus célèbres partitions y ont été jouées, notamment celle de Pierrot le fou.

Un dernier au revoir…

La cérémonie aura été comme il a vécu : en musique. L’église Saint-Quentin de Valmondois paraissait bien trop petite tant ils étaient nombreux, famille, amis et habitants de Valmondois, à venir lui rendre un dernier hommage, mardi dernier. Son grand ami, Bertrand Tavernier, était aussi présent.

En début de cérémonie, l’une des chansons de son film Laissez-passer écrite par Antoine Duhamel fut interprétée. Le maire de Valmondois, Bruno Huisman, s’est également exprimé, très ému : Valmondois a une énorme gratitude envers Antoine. C’était quelqu’un d’enthousiaste, de très simple et qui nous a appris le sens du partage Merci Antoine pour tout ce que tu nous as offert. Antoine Duhamel a ensuite été inhumé dans le caveau familial.