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Extrait du livre « Par monts et par vaux dans Semur et le Semurois », par Nicole Bourgeois-Puchot – Editions de l’Armançon – 2001

En reprenant la route de Semur, un petit chemin serpente à travers champs et conduit vers l’église, le cimetière et quelques bâtiments qui forment le cœur de Millery, « Millereius » en 1225 et « Millerey » en 1424. Le reste du village est éparpillé dans les hameaux de Charentois, Chevigny, Collonge, Ménetreux et Pont-de-Chevigny, les écarts de la ferme de Fontenet, ferme Leuret, ferme Maison-Blanche, fermes Maison-Rouge et de Préjailly, « le meix de Prey Jailly » en 1612.

L’église de Millery, dédiée à St-Georges, est de la fin du XVI° siècle, attestée par une baie portant la date de 1561. Elle contient des statues classées en pierre telles qu’une Vierge à l’Enfant du XVII° siècle, saint Georges équestre et sainte Barbe de la fin du XV°, saint Denis du XVI°. Un très beau tableau de 1628, peint par Ménassier, peintre bourguignon, a été récemment restauré grâce à la diligence de l’association Saint-Georges qui veille sur le patrimoine de la commune et participe à sa restauration avec celle-ci. A son actif, également, la réparation du puits près de l’église. Il y a d’autres sculptures intéressantes non classées et un bénitier en marbre du XVII° siècle.

De l’église, on pénètre dans la chapelle seigneuriale en passant sous des portiques Renaissance. Ici se trouve le tombeau de Thibaut du Plessis, seigneur de Chevigny et son épouse, Antoinette de Jaucourt, D’importants travaux ont été réalisés à l’intérieur en 1981.

De nombreux calvaires, restaurés avec soin, sont dispersés dans les hameaux.

L’Armançon, toute proche, clapote sous le pont que l’on traverse pour aller à Ménetreux.

L’ancienne école, qui a fait peau neuve, trône au milieu du pâtis et les maisons s’alignent sagement de part et d’autre de la route. Ce hameau portait le nom de « Monesterol » en 1284, dans les titres de l’abbaye de Fontenay, et parmi d’autres « Menestrueil lez Semur » dans un cartulaire d’Epoisses en 1399.

A peu de distance, voici Collonge : « Colonica », terme isssu du droit médiéval, indiquant un lieu où un paysan libre, un « colon », allait s’établir. Comme à Ménetreux, quelques exploitants vivent encore ici.

Il faut revenir à Millery pour se rendre à Pont-de-Chevigny, traversé par la route de Semur à Montbard et qui franchit le pont dit « romain », qui fut construit au XVII° siècle, sur l’emplacement d’un pont beaucoup plus ancien. En 1789, il est surélevé. Dans le vallon, la ferme  du Fontenay ou Fontenet est attestée en 1337, on l’appelait alors « La maison des diz religieux  que l’un dit la maison de Charentois et de Chevigny ». C’est une ancienne grange de l’abbaye de Fontenay surnommée à ce propos « Le Petit Fontenay » ou « Le Petit Fontenoy » en 1580, que domine la montagne du Télégraphe.

Plus loin, Charentois se tient à la porte de Semur ; le lieu est très ancien, attesté dès 1227 sous l’orthographe  « Charentoys ».

De nouveau, il faut regagner la route en raison de la dispersion des hameaux. A gauche, s’élèvent les tours  en ruine de l’ancien château  de Chevigny « Kavaniacus » en l’an 772, place importante et ancienne forteresse, qui protégeait le village et surveillait la contrée. Ainsi, en fin d’année1368, le 21 novembre « Guillaume de Cluny, lieutenant du bailli d’Auxois, mande aux capitaines gentilshommes et gens d’armes, occupant les forteresses d’Avallon, Montréal, Ciserey, Ragny et Chevigny, de venir à Semur en tenue de campagne vers le maréchal Gui de Pontailler, qui y arrivait le même jour ».

Une partie de cette seigneurie appartenait au prieuré de Saint-Jean de Semur et l’autre partie vit passer de nombreux seigneurs. En 1213, Jean des Vignes, fils cadet du seigneur d’Epoisses, reçoit « Chavaigne » dont la maison forte est située sur la montagne, surveillant la route de Semur à Montbard. A la même époque à Millery, on trouve un seigneur local répondant au nom de Hugues.

En ce XIII° siècle, on organise la défense afin de faire face aux Anglais qui envahissent la Bourgogne. L’église de Chevigny et le prieuré sont détruits ; on ne reconstruira jamais cette église et c’est celle de Millery qui deviendra paroissiale. Témoin d’un passé glorieux, la ferme de l’abbaye se blottit au fond d’une impasse que surplombe le bois de Dandarge.

Au XV° siècle, la seigneurie est partagée en deux branches. De l’une descendent Thibaut et Antoinette du Plessis-Jaucourt ; leur fille Catherine se marie en 1479 avec Pierre de Choiseul, puissante famille originaire du pays de Langres. De génération en génération, la famille Choiseul, vassale du marquis d’Epoisses, marquera longtemps la terre de Chevigny.

A la Révolution, les hameaux dispersés forment la commune de Millery, ce qui amène quelques discussions et incite même les villageois à demander que l’on coupe la commune en deux en 1832, car « la grande majorité des habitants le souhaite depuis longtemps, car les intérêts sont souvent fort opposés, ce qui entrave la marche des affaires. L’éloignement occasionne la désunion qui règne parfois au sein du conseil municipal » Il faut préciser qu’à ce moment-là, il y avait environ 600 habitants à Millery, mais le projet sera sans suite au grand soulagement du hameau de Charentois « qui avait demandé à rester neutre afin d’opter pour l’une ou l’autre solution… »