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Extrait de « Montréal en Basse-Bourgogne » par l’abbé Fernand Brunet, curé doyen de Montréal – Auxerre – Imprimerie Moderne - 1937

A l’endroit qu’occupait jadis le village de Chérisy, se trouve une ferme dont les bâtiments bordent une très vaste cour.
Ce village possédait une église dédiée à Saint-Pierre-ès-Liens, qui fut pendant longtemps l’église paroissiale de Montréal.
L’église Saint-Pierre-ès-Liens était située dans l’angle formé par la route de Montréal à Thizy et par celle de Guillon à l’Isle-sur-Serein. Tout autour de l’église se trouvait le cimetière paroissial, dans lequel étaient encore inhumés, au cours du XVII° siècle, ceux des habitants de Chérisy auxquels n’avait point été concédée la permission d’être inhumés dans l’église même.
Quand on fit la route de Guillon à l’Isle-sur-Serein, on découvrit de nombreux ossements et même des sépulcres de pierre ; ces derniers furent utilisés pour la construction de la nouvelle route.
Chérisy était donc bel et bien un village avec manoir ou fief seigneurial ainsi qu’il est aisé de s’en rendre compte en examinant même sommairement la ferme   existante, dont le logis principal semble dater  de la fin du XV° siècle.
Guillaume de Tyr cite Gérard de Chérisy comme ayant fait partie de la première Croisade avec Godefroy de Bouillon (1096)
Il serait difficile de dire quelle pouvait être la population de ce village, cependant la variété des noms qui figurent sur les anciens registres paroissiaux porte à croire qu’elle était assez importante.
Le curé de la paroisse de Saint-Pierre-ès-Liens de Chérisy était en même temps chanoine de Sainte-Marie. L’église de Montréal n’était qu’une succursale ou chapelle de secours.
Un acte, en date du 22 novembre 1666, jette un grand jour sur cette question. Il relate un mariage béni  par le chanoine curé dans les termes suivants : « Mariage béni en la chapelle de Monthelon, paroisse de Chérizy et de Montréal, son secours, pour l’urgente nécessité et infirmité corporelle de l’époux ».
Ainsi, l’église de Chérizy était encore à cette époque considérée comme paroissiale. De plus, Chérizy était si bien regardé comme primitive et son église, comme l’église paroissiale, que tous les ans, le jour de la fête patronale, le 1er août, il était interdit au chanoine-curé de dire sa messe paroissiale, et aux habitants d’entendre la messe à la Collégiale : curé et paroissiens devaient se rendre à Chérizy ; les habitants de Montréal étaient tenus d’offrir pain et vin. On sait qu’avant la Révolution, la fête patronale était une fête chômée ou d’obligation pour les paroissiens.
Peu à peu l’église de Chérizy cessa d’être utilisée comme église paroissiale et l’église collégiale de Montréal lui fut substituée.
Cela n’est pas surprenant  et s’explique tout naturellement. La substitution devait se faire nécessairement avec le temps. En effet,  à une époque qu’on ne saurait préciser, mais fort ancienne, la faculté avait été octroyée aux habitants d’entendre la messe à la Collégiale et d’y satisfaire à leurs autres devoirs religieux, probablement à cause de la distance. Du reste un autel, appelé paroissial, avait été érigé dans la collégiale avec l’agrément du chapitre et à cette intention.
Il est donc normal que, dès le principe, la Collégiale ait conquis les sympathies de la population et que, peu à peu, elle soit devenue, sinon en droit, du moins en fait, l’église paroissiale. Lors du remaniement des paroisses, après la Révolution, qui entraîna la suppression du chapitre, l’autorité religieuse n’eut qu’à ratifier ce que le temps avait établi.
Mais qu’advint-il de l’ancienne église de Chérizy ? Comme il ne s’y faisait plus guère de fonctions curiales, sauf quelques rares baptêmes, mariage ou inhumations, lorsque le sujet était de Chérizy et que la famille le demandait, elle fut à la longue complètement délaissée. Toutefois le chapitre avait conservé l’habitude de s’y rendre en procession une fois chaque année, un jour quelconque des Rogations. On y disait alors la messe de la station.
Dans ces conditions, l’édifice était condamné à disparaitre et c’est ce qui arriva… Nous regrettons qu’il n’en reste plus aujourd’hui que le souvenir.

Extrait du Bulletin d’Information de la Société d’Etude d’Avallon – N° 5 – Septembre-octobre 1966 – Page 5

Communication de M. Paulien concernant Chérisy-près-Montréal :

La ferme dite « de Chérizy », au territoire de Montréal, est actuellement tout ce qui rappelle le village de Chérisy-les-Montréal, son église et son manoir seigneurial. Bâtie dans la vallée du Serein, au voisinage de l’importante forteresse de Montréal, au guet et à la garde de laquelle les habitants de Chérisy devaient participer, en contrepartie du droit de s’y réfugier en cas de péril, cette bourgade n’’était pas close de murs, ne possédait pas de défenses, le manoir seigneurial lui-même, à l’instar de beaucoup d’autres, ne pouvait opposer une résistance efficace à un ennemi quelque peu mordant.
Ainsi Chérisy a-t-elle été toujours une très petite agglomération ne comptant que quelques feux. En 1442, le village était même inhabité.
Chérisy avait une église qui n’était peut-être qu’une chapelle seigneuriale placée sous le vocable de Saint-Pierre-aux-Liens. Mais, contrairement à ce que pensent certains auteurs, il ne semble pas que cette église ait été l’église paroissiale de Montréal.
Le premier seigneur connu est Gérard de Chérisy, qui vécut au XI° siècle. Après la guerre de Cent Ans, qui a grandement éprouvé Chérisy, on trouve plusieurs qui se succèdent dont Laurent de Santigny.
Mais c’est seulement avec la dynastie des « de Hume » (d’origine écossaise comme les d’Anstrude) que le village gardera une longue lignée de seigneurs du milieu du XVI° siècle au milieu du XVIII°.
Chérisy passe ensuite dans la famille Fresne, puis à Jacques François Baudenet d’Arnoux, qui en est le dernier seigneur.