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Ce prieuré, situé dans le bas du village, comporte une chapelle avec des statues d’art populaire formant une corniche autour du sanctuaire (voir photos).

Extrait de « Montréal en Basse-Bourgogne » par l’abbé Fernand Brunet, curé doyen de Montréal – Auxerre – Imprimerie Moderne – 1937

La fondation de cet établissement monastique est très ancienne puisqu’une charte de donation d’un seigneur de Talcy nous en signale l’existence, dès l’an 1012. Elle est communément attribuée au premier des Anséric qui vivait vers l’an mille.
Le Prieur dépendait du prévôt de St-Bernard de Montjou, en Savoie, et était de l’ordre de Saint-Augustin. Les religieux jouissaient des métairies de Saint-Bernard des Champs et des Fourches, des dîmes de Talcy et d’usage dans la forêt de Vausse.
La commande y fut introduite au XV° siècle et les habitants prirent possession du Prieuré-Hôpital en payant aux religieux une pension de 46 écus. Une charte de Charles IX, du 12 juillet 1573, en confirma aux habitants le droit d’administration.
Dans cet établissement hospitalier, les pauvres passants, les infirmes, les écoliers sans ressources, les pèlerins, étaient secourus et soignés.
Le Prieuré fut vendu à la Révolution comme bien national et racheté ensuite, en 1835, pour être donné à la commune et être converti en hôpital. La commune ayant refusé ce don, la propriété fut de nouveau mise en vente et adjugée aux frères Garnuchot, qui y fondèrent, en 1867, une école congréganiste de petites filles, sous le nom d’Ecole Saint-Charles, titre qui figure encore au-dessus de la porte. La direction du pensionnat fut confiée à des religieuses Ursulines, puis, en 1880, à la Providence de Vitteaux. Après le départ des religieuses, en 1903, le pensionnat fut remplacé par une école libre de filles, qui subsista jusqu’en 1920.
Des bâtiments anciens, il ne reste que la chapelle, mais c’est la plus intéressante. Elle est de la même époque que l’église collégiale, fin du XII° siècle, et du style gothique de transition. Elle possède trois travées, voûtées sur croisées d’ogives, dont une est transformée en habitation. Deux petites baies sont de plein cintre ; la grande baie du fond, remaniée par la suite, est de style flamboyant et supporte sur son meneau un médaillon représentant le Père Eternel. Sur une galerie, dont les corbeaux portent les écussons des Anséric, principaux bienfaiteurs de la chapelle,  sont alignées de petites statues de pierre  peinte (XV°siècle) représentant les Apôtres avec  les instruments de leur martyre ou de leur symbole.
Trois autres statues anciennes et peintes représentent Ecce Homo, Sainte Anne et la Vierge, la Vierge et l’Enfant Jésus. La porte qui donne accès à la sacristie est de la Renaissance.
Un tableau, qui reproduit probablement Saint-Bernard de Menthou enchaînant un monstre,  porte cette inscription « Mtre André Regnard, docteur ès-droit, prêtre chanoine de l’église de Montréal et prieur de céans, a fait faire le présent tableau en l’An 1628.
Parmi les pierres tombales qui forment le pavage, on remarque celles d’anciens  prieurs : Fr Laurent Josserand (1504) ; Guillaume Josserand (1536) ; Gabriel Anthoine (1743) ; ainsi que celles de
Jehanne de Raigny (1514) et Françoise Régnard (1630).

Extrait de « Seigneurie de Montréal » par Ernest Petit – Bulletin de la Sté des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne – Année 1965

Cet établissement monastique est le premier qui se présente à nous par l’antiquité de sa fondation ; il en est question dans une charte de donation que fit en 1012 un seigneur de Talcy : on suppose avec raison que ce prieuré fut fondé vers l’an 1002 environ, c’est-à-dire vers l’époque des guerres du roi Robert, et ce par le zèle d’un sire de Montréal, peut-être de cet Andrésic qui avait bravement résisté aux assauts que Landry, comte de Nevers, lui fit alors subir.

Le prieuré de Saint-Bernard dépendait du prévôt de Saint-Bernard de Montjou en Savoie ; il n’était point de l’ordre des Bénédictins, comme on l’a dit, mais de celui de Saint-Augustin.

Les anciens titres de cet établissement, réduits à un petit nombre de documents du XIII° au XVIII° siècle, ont peu d’importance. Les prieurs en étaient si pauvres qu’ils ne possédaient pas 25 livres de revenus. Cependant on voit par certains titres (1467-1536) que les religieux jouissaient des métairies de St-Bernard-des-Champs et des Fourches, de terres, prés, vignes, de rentes en grains, des dîmes de Talcy, du droit de la foire de Sainte-Croix, d’usages dans la forêt de Vausse et d’une maison « assise au donjon de Montréal, devant l’église, en laquelle on tient l’escolle du dit Montréal » (…)

La commande y fut introduite au XV° siècle et les habitants prirent possession du prieuré-hôpital en payant aux religieux une pension de 42 écus. Plusieurs fois, l’administration en fut contestée aux habitants qui parvinrent néanmoins à faire valoir leurs droits : une charte de Charles IX leur confirma ce privilège et les mit à l’abri de toute attaque à ce sujet.

Les travaux des bâtiments, la distribution des aumônes, les dépenses diverses étaient faites par les receveurs de l’hôpital et de la léproserie de Saint-Barthélemy, sous l’autorité des échevins de Montréal (…)

La chapelle du prieuré St-Bernard subsiste encore ; elle est habitée en partie, le chœur est conservé : on y voit des anges à genoux tenant des écussons parmi lesquels on remarque ceux des Anséric qui furent ses principaux bienfaiteurs. Toute modeste qu’elle peut paraître, cette chapelle attirait autrefois grand nombre de visiteurs et le pape Léon X y avait attaché des indulgences en faveur de ceux qui y venaient en pèlerinage.

Des bâtiments du prieuré, il ne reste rien ou presque ; mais nous pouvons encore nous promener sous ces arbres qui faisaient jadis partie des vergers et qui gardent le souvenir de plus d’un grand homme. C’est là que Le Prestre de Vauban commença ses études ; c’est là que son oncle Antoine de Fontaines lui donna les premières notions de ces sciences dans lesquelles devait un jour briller son génie (…)