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Construite à la fin du XIème siècle et au commencement du XIIème par Anseric III, au retour de la croisade prêchée à Vézelay, l’église de Montréal est, selon Viollet-le-Duc « un véritable bijou architectural ». Il s’agit en effet d’un très beau spécimen du roman bourguignon fleuri.

Le bâtiment a la forme d’une croix latine. Ses murs sont armés de lourds contreforts. Sanctuaire, portail et abside sont ajourés d’une rosace de style roman. La rosace du portail rappellerait, toujours selon Viollet-le-Duc, celle de la façade de Notre-Dame de Paris.

La collégiale est parée d’une double porte, dont l’encadrement est cintré et dont la décoration se compose d’une série d’arcs de cercle. Les parties latérales du porche sont ornées de quatre colonnes à chapiteaux byzantins entre lesquelles sont disposés des fleurons d’un dessin élégant.

L’intérieur de l’église est d’un style sévère mais d’une grande beauté et pureté.

Au-dessus de la porte se trouve une vaste tribune qui est supportée par de très belles consoles en encorbellement et par une légère colonne de pierre placée au milieu.

De belles pierres tombales forment un pavage alors que deux sarcophages, portant une croix sculptée à plat, rappellent l’époque mérovingienne. Les plus intéressantes ont été relevées et adossés aux murs.

La chaire est en bois sculptée de forme hexagonale et de style gothique. Face à la chaire, figure un christ en bois du XVème siècle.

Le lutrin, de même style que la chaire, comporte un tryptique en bois du XVIème siècle représentant au centre un Christ, à gauche la Vierge avec Jésus sur le bras, à droite Saint-Pierre contemplant le ciel.

Au nombre de vingt-six, assez bien conservées malgré quelques mutilations, les stalles par des libéralités de François 1er lors d’un séjour à Montréal.

Il existe un certain nombre de groupes en ronde bosse dont l’un, dénommé « les compères », emblème de Montréal, serait un clin d’œil des sculpteurs. La tradition veut en effet que les frères Rigolley se soient représentés eux-mêmes en train de se servir de vin avec un pichet, en bons bourguignons qu’ils sont.

L’église collégiale Notre-Dame – Brochure distribuée dans l’église

La construction de l’église collégiale Notre-Dame fut entreprise par Anséric III à son retour de la deuxième croisade,  qui avait été prêchée par Saint-Bernard à Vézelay en 1146. Son fils, Anséric IV se fit en 1170 défenseur de l’église et acheva de l’embellir.

Viollet-le-Duc, impressionné par « le véritable bijou architectural », fit classer l’église aux Monuments Historiques et obtint sa restauration.

Autrefois, lors des grandes calamités, on venait en procession à Notre-Dame de Montréal (11 paroisses dont celle d’Avallon en 1554).

Le PORTAIL est en plein cintre ; il occupe le tiers de la longueur de la façade et est un beau spécimen de l’art « Roman bourguignon fleuri ». Remarquez le trumeau du portail, les deux portes identiques avec leurs ventaux qui ont conservé leurs pentures en fer forgé du XII° siècle.

La ROSACE qui surmonte le portail est, dans son genre, une des plus anciennes existant encore en France. Remarquez le bel appareillage de pierres : le mur, imposant par son épaisseur, soutient la lourde tribune. Elle date de la fin du XII° siècle.

Les murs latéraux sont percés de fenêtres en biseaux plein cintre. Les quatre CROIX, toutes différentes, terminent de façon élégante les quatre pignons.

Il est à remarquer qu’il n’y a pas de clocher : le plan initial n’en comportait pas et toutes les tentatives de construction ont été désastreuses. Le dernier date du début du 19° siècle et sa suppression a été définitive lors de la restauration par Viollet¬-le-Duc.

En entrant dans l’église, il faut descendre car elle est enterrée de près d’un mètre. On est frappé par l’unité de style ; la construction s’est réalisée à la période de transition entre le Roman et le Gothique.

La TRIBUNE mérite une attention particulière ; elle est supportée par une fine colonne double et des encorbellements audacieux.

Les piliers sont sobres ; les chapiteaux, tous différents, représentent des feuilles et des fleurs. Un seul, sur le bas-côté gauche, représente un personnage. Les signes qui figurent sur les piliers (feuilles, étoiles, etc…) représentent les « marques » des ouvriers qui ont participé à la construction de la collégiale.

L’ABSIDE est carrée et fermée par un banc de pierre sur lequel prennent appui six arcades aveugles dont l’une abrite une « piscine » carrée.

La ROSACE date de la fin du XII° siècle.

Remarquez sur la porte de la sacristie la curieuse serrure qui pourrait dater de la fin du XII° siècle.

Le TRANSEPT est éclairé de deux rosaces.

Les STALLES – Elles auraient été acquises grâce aux libéralités de François 1er. Elles sont l’œuvre des deux frères Rigolley de Nuits-sur-Armançon (1522).

Elles représentent les scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament et des allégories. Les sujets sont traités avec réalisme, même parfois avec une pointe de familiarité, reflétant la vie de l’époque.

En partant de la droite, face à l’autel, nous voyons :

- Le baptême de Jésus par Jean-Baptiste (traité dans la tradition appuyée sur l’Evangile : Jean éprouve de la gêne à baptiser « l’Agneau de Dieu »).
- L’adoration des Mages, avec l’Enfant Jésus, Marie, Joseph, les Mages de races différentes.
- David terrassant un lion
- L’atelier de Joseph à Nazareth ; l’enfant Jésus fait ses premiers pas dans un « chariot » surveillé par un angelot ; Marie, dont la douceur et la paix font songer au « Magnificat », est en train de coudre ; Joseph, en bon père nourricier, en bon artisan menuisier, s’affaire à l’ouvrage
- Les buveurs : les frères Rigolley, bourguignons de bonne souche, se sont représentés eux-mêmes pendant la pause …
- Jésus, appuyé au puits de Jacob, demande à boire à la Samaritaine.

A gauche de l’autel, sont représentés :

- Adam et Eve au paradis terrestre (geste réaliste d’Adam qui ne peut avaler la pomme)
-  Présentation de Jésus au Temple : le vieillard Siméon est mitré ; il reconnaît le Messie ; Anne s’approche découvrant elle aussi le Sauveur ; Joseph et Marie qui, eux, connaissent l’Enfant, ne font qu’assister en spectateurs. Les sculpteurs ont accusé la différence d’âge entre Marie et Joseph (suivant une certaine tradition)
- Allégorie « le vice et la vertu »
- Les personnages au lutrin
- Marie rend visite à sa cousine Elisabeth (réalisme)
- Allégorie : les lions se disputent un os
- L’annonce aux bergers.

Les mutilations proviennent du fait que, pendant de très nombreuses années (de la Révolution à 1850) les stalles qui entouraient le chœur étaient installées les unes au bout des autres : ce qui gênait avait été enlevé.

Les MISERICORDES – Les chanoines, tenus à la récitation ou au chant de certaines parties de l’office divin en commun, se tenaient debout, parfois assis et souvent (lectures, psaumes de la Pénitence…) appuyés sur la « miséricorde ». Les miséricordes sont toutes différentes ; les sculpteurs ont laissé libre cours à leur imagination.

Le RETABLE – A gauche, dans le chœur. C’est un triptyque qui est malheureusement incomplet (vol récent). Il est en albâtre, matière fréquemment employée au Moyen-Age (souvent, vêtements et meubles étaient peints)…

La CHAIRE ET le LUTRIN sont en bois finement sculptés. Remarquer la base du pied de la chaire et les sujets qui y sont représentés. Fragments d’un CALVAIRE de pierre du XVI° siècle. DALLES FUNERAIRES – couvercles de sarcophages.
Extrait de « Seigneurie de Montréal » par Ernest Petit – Bulletin de la Sté des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne – Année 1865

Montréal, ainsi que la plupart des villages qui relevaient jadis de son donjon, faisait partie du diocèse d’Autun.

Par une bizarrerie qui se reproduit assez fréquemment, même pour les localités importantes, les habitants n’avaient point d’église, ils étaient obligés d’aller à Chérisy, petite église paroissiale fondée sous le vocable de St-Pierre-ès-Liens dont font mention plusieurs titres du XVI° siècle. Il y avait bien la collégiale mais elle appartenait aux chanoines et aux hommes du chapitre qui seuls avaient le droit d’y entendre la messe (…)

Au lieu de ces libéralités qui caractérisent l’époque des Croisades, les archives des deux derniers siècles ne nous ont conservé que des liasses d’interminables procès (…)

Procès contre les habitants et le curé de Montréal relativement au droit de placer des bancs dans l’église collégiale, droit prétendu par ce dernier ; cette affaire est la plus importante. Les chanoines publièrent pour leur défense un long mémoire imprimé en 1738, par lequel ils déclaraient qu’autrefois les habitants n’avaient d’autre église que celle de Chérisy, mais que sur la fin du XVIIème siècle, la cure fut réunie au chapitre ; c’est par pure tolérance que les chanoines avaient permis au curé d’officier sur un autel de la collégiale et aux habitants d’y venir entendre la messe.

Après un certain nombre d’années, le scandale causé par les paroissiens qui amenaient le désordre, força les chanoines à rappeler leurs droits. Le curé, à la tête des plus séditieux, voulut leur faire un mauvais parti et leur intenta un procès. Condamnation du demandeur au baillage d’Avallon. Vengeance des condamnés qui violent la sacristie, brisent les vitraux, brûlent les aubes et partie des archives, pillent le linge et les vases affectés au service divin, volent deux diamants qui étaient sur la croix, etc...