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Montréal est un village médiéval perché où il subsiste des traces de fortifications. Le château ayant été détruit en 885, il reste très peu de choses de ses trois enceintes, de son donjon environné de cinq tours et de ses remparts aux neuf tours.

Le nom :

Au VIème siècle, la reine Brunehaut et son petit-fils Thierry fixèrent, dit-on, leur résidence à Montréal. C’est à la suite de ce séjour royal que les habitants donnèrentau pays le nom de Mont-Royal, Mons Regalis ou Mons Regius. La Révolution tenta de lui enlever ce titre de noblesse en l’appelant, en 1793, du nom banal de Mont Serein, mais la tradition ne tarda pas à l’emporter.


La situation :

Selon l’abbé Brunet, Montréal est situé sur un gigantesque mamelon, au milieu d’une vaste plaine. Cette situation avantageuse ne pouvait manquer d’être exploitée et, dès les premiers temps de la féodalité, une forteresse y fut construite. Ce qui reste des anciens remparts et des portes fortifiées atteste son importance militaire. Du cimetière en terrasse qui entoure l’église, on peut suivre du regard le cours tourmenté du Serein ou voir jusqu’aux premiers contreforts du Morvan.

L’historique :


Des articles très bien documentés sont disponibles sur wikipedia

Extrait de « Seigneurie de Montréal par Ernest Petit – Bulletin de la Sté des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne – Année 1965

S’il faut en croire Courtépée, la reine Brunehaut et son petit-fils Thierry y résidèrent au VI° siècle ; trois cents ans plus tard, suivant le même auteur qui s’en rapporte à un vieux manuscrit, la forteresse fut prise, pillée par les Normands et reconstruite ensuite par les Anséric.

Landry, comte de Nevers, vient l’assiéger à plusieurs reprises pendant les guerres du roi Robert, c’est-à-dire vers 1005 environ, sans pouvoir s’en emparer.

Vers la même époque, les sires de Montréal fondèrent le prieuré de Saint-Bernard et, en 1068 le Chapitre de cette ville.

Après la croisade de 1147, qui suivit la fameuse prédication de Saint Bernard à Vézelay, Anséric fit bâtir au retour de cette expédition la curieuse église que l’on admire encore aujourd’hui (…)

La première partie si agitée du XV° siècle eut un grand retentissement à Montréal ; successivement prise et reprise, la ville voyait à chaque assaut sa population décimée : tantôt les habitants couraient faire le guet et garde aux murailles à la vue des chaperons blancs d’Armagnac ; tantôt on avait à craindre les robes courtes et les hoquetons de cuir des Bourguignons eux-mêmes, qui, organisés en compagnies d’écorcheurs, ravageaient impunément les campagnes.

Après le siège de Cravan (1423), les Armagnac s’emparèrent de la ville et y restèrent quelque temps « logiez à puissance ». Les écorcheurs s’en emparèrent en 1441 et y firent de grands dégâts.

Extrait d’une brochure intitulée « Montréal dans l’Yonne – Haut-Lieu de Bourgogne »

Mont-Réal (Mons Regius, Mons Regalis) signifie Mont du Roi ou Mont Royal et fut sans doute fondé dans la seconde moitié du IX° siècle ou la première moitié du X°, n’en déplaise à la « tradition » qui voudrait que la reine mérovingienne Brunehaut eût séjourné en ce lieu. Une première forteresse installée sur ce site aurait été détruite par les Normands ou à l’occasion d’un conflit féodal.

C’est apparemment au XI° siècle que les sires de Montréal, dont la plupart s’appelèrent Anséric, se sont constitué leur seigneurie sur une partie de l’Avallonais et du Tonnerrois. Il semble que le duc de Bourgogne ait ratifié vers 1068 la transformation en chapitre collégial de la chapelle du château de Montréal et que celui-ci ait donc été à cette date dans la mouvance du duché. Mais le fief de Montréal englobait également la terre champenoise de l’Isle.

Les sires de Montréal comptèrent parmi les plus renommés féodaux bourguignons et deux d’entre eux furent sénéchaux de Bourgogne, c’est-à-dire chefs des armées ducales, dans la seconde moitié du XII° siècle. Anséric II exerça la fonction de 1150 à sa mort, en 1174, après s’être illustré lors de la deuxième croisade (1147), au retour de laquelle il fit bâtir la collégiale dont la construction fut probablement achevée vers 1170 – 1175. Son fils, Anséric III, l’occupa après lui et, après avoir guerroyé contre les Musulmans dans le sud du Portugal, alla trouver la mort en Syrie, sous les murs de Saint-Jean-d’Acre (1191), lors de la troisième croisade.

La Maison de Montréal fut deux fois alliée à celle de Bourgogne, Anséric III ayant épousé une petite-fille du duc Hugues II et son fils, Anséric IV, la belle-sœur du duc Eudes III. Un autre fils d’Anséric III, Hugues de Montréal, fut évêque de Langres de 1219 à 1232 et prit sous sa sauvegarde la charte d’affranchissement que son neveu, Anséric VII, accorda en 1228 aux habitants de la petite cité à laquelle le château de Montréal avait peu à peu donné naissance, par extension des murailles primitives.

Les Montréal devaient être dépossédés de leurs biens par le duc Hugues IV, agissant à contre cœur sur ordre de Saint Louis, en raison du comportement d’Anséric X, seigneur ruiné qui opprima les établissements religieux, assassinat un chanoine et crut pouvoir tenir tête au roi de France. Contraint de se rendre sans condition en 1255, il alla finir ses jours au prieuré de Vausse près de son ancien château de Chatel Gérard.

Après avoir été l’un des domaines et la résidence principale du jeune Hugues de Bourgogne, fils du duc Hugues IV et demi-frère du duc Robert II, Montréal fut annexé en 1291 aux terres ducales en possession directe et devint le centre d’une petite châtellenie. Les ducs séjournèrent de temps à autre au château au XIV et XV° siècle.

Du fait de la situation sur les marches du duché, la place forte de Montréal, l’une des clés de la Bourgogne du côté de la Champagne, fut mêlée à certains épisodes de la guerre de Cent Ans. C’est d’elle que fuent en partie menées, en 1360, les tractations qui aboutirent à l’achat du département de la Bourgogne de l’armée d’Edouard III d’Angleterre qui venait de l’envahir. Elle fut pillée et incendiée en 1363 par des routiers des tristement célèbres compagnie et à nouveau occupées par celles-ci en 1375. Les Armagnac y prirent pied quelque temps en 1423, mais échouèrent dans une autre tentative contre elle en 1434. Enfin, les Ecorcheurs, bandes armagnac démobilisées, la ravagèrent en 1440 et y revinrent à l’automne 1441. D3écimée par les tueries, les famines, et les épidémies de peste, sa population tomba de 81 feux en 1356  à 32 en 1442 (un feu représente 4 ou 5 personnes).

Par la suite, Montréal fit partie des cités bourguignonnes qui se soulevèrent vainement, au printemps 1478, contre la domination française, après le rattachement du duché à la couronne de France. A partir de celui-ci, les revenus de la châtellerie furent concédés par les rois à des seigneurs engagistes qui n’en eurent que l’usufruit. Le premier d’entre eux fut Jean de Baudricourt, fils du sire de Baudricourt de l’épopée de Jeanne d’Arc. Parmi ses successeurs, on relève notamment le nom du marchal de Bourbillon (au XVI° siècle) et les ducs de Lesdiguières (au XVII°).

Montréal, qui comptait alors 140 feux, reçut deux fois la visite de François 1er. Il s’y arrêta une première fois en 1521 et revint y présider les Etats de Bourgogne en 1542. Plus tard, la ville, dont les notables se rangèrent dans le camp huguenot sous Charles IX, fut l’une des rares places royalistes de Bourgogne pendant les troubles de la Ligue et l’on y transféra le baillage d’Avallon de 1589 à 1594. Les Ligueurs réussirent à s’en emparer au début de 1590, en l’absence de son gouverneur, mais la femme de celui-ci put rapidement les déloger.

La fin des guerres de religion amena celle de son rôle stratégique, ses fortifications furent démantelées en 1599 et Montréal, où on avait foulé les draps de laine et teint les étoffes au XV° siècle, ne fut plus qu’un bourg agricole et viticole que le mauvais état de ses chemins, fréquemment inondés, rendait souvent inaccessible à la veille de la Révolution.

Fort alors de 600 habitants, le village, éphémère chef-lieu de canton de 1790 au début du Premier Empire, fut débaptisé en octobre 1793 et s’appela officiellement Mont-Serein jusqu’en septembre 1800. Le chapitre collégial, qui comptait dix chanoine en 1789, fut dissous au début de la Révolution mais ses anciens membres animèrent en 1794 la résistance de la population à la tentative de déchristianisation, ce qui valut au bourg d’être surnommé, bien exagérément, la «  petite Vendée » par les Révolutionnaires de la région. C’est cette même année en 1794 que fut démoli le château.