JTCLASSBLU 15

SOUVENIRS D’ECOLE

J’ai eu 7 ans en mai 1939 et j’ai fréquenté l’école primaire de Valmondois pendant toute la durée de la Seconde guerre mondiale. Ci-après, j’évoque quelques souvenirs de cette période.

LES ENSEIGNANTS

            L’école était dirigée par un couple d’instituteurs qui se répartissait les élèves : lui la classe des « grands », elle la classe des « moyens », une autre institutrice s’occupant des « petits ».

            Il s’agissait d’un couple mal assorti – qui d’ailleurs divorcera après la guerre – et leur mésentente devait influer sur l’humeur de l’institutrice ainsi qu’on le verra ci-après.

L’instituteur

C’était un petit bonhomme rondouillard et jovial, aimé de ses élèves car peu sévère. Lorsqu’il fallait rétablir la discipline dans la classe, il bombardait le ou les fautifs avec des morceaux de craie. Dans les cas graves, le chiffon permettant d’essuyer le tableau noir servait de projectile et la classe était alors inondée de poussière blanche.         

            Il était très coquet et, pour cacher un début de calvitie, il enroulait une mèche au sommet de son crâne. Au cours de la journée, ce savant arrangement avait tendance à se défaire et finalement une longue mèche pendait à l’arrière de sa tête. Les élèves surveillaient en riant ce phénomène et se moquaient de la « queue » du maître.

            Comme beaucoup d’instituteurs à l’époque, il était aussi secrétaire de mairie. Cela lui permettait de rendre des services aux membres de la Résistance. Il le faisait en « père tranquille » et n’a jamais demandé de reconnaissance. Toutefois, après la guerre, il s’est inspiré de cette expérience pour écrire de petites pièces de théâtre qu’il faisait jouer aux enfants.

L’institutrice

            Il s’agissait d’une personne d’aspect sévère ; je ne me souviens pas l’avoir vu rire. Elle était cependant bonne pédagogue, en particulier pour le français et l’histoire, mais ses talents étaient sélectifs.

            Personnellement, j’avais une situation privilégiée car j’étais une enfant sage et bonne élève. En outre, mes parents avaient une grande propriété où son fils, avec d’autres gamins, venait jouer après la classe. On m’accusait d’être la « chouchoute » de la maitresse.

            D’autres enfants avaient moins de chance soit qu’ils aient quelque difficulté à apprendre soit qu’ils appartiennent à un milieu modeste, souvent les deux à la fois. Ils étaient plus ou moins ignorés et l’institutrice parlait avec mépris de sa « queue de classe ».

            Elle avait par ailleurs la main leste. Je me souviens d’un incident : pendant une dictée, elle circulait entre les rangs et voyant une faute d’orthographe, elle a administré à son auteur une gifle magistrale qui lui a fait très mal car portée avec une main ornée d’une chevalière. La petite fille s’est levée d’un bond et lui a rendu sa gifle en criant « vous n’avez pas le droit de battre les enfants ». Scandale. L’enfant avait raison mais, pour être réintégrée en classe, elle a cependant dû présenter publiquement des excuses.

            Les choses sont quelquefois allées jusqu’à la crise d’hystérie. C’est ainsi que j’ai vu un jour l’institutrice taper la tête d’un élève contre le mur. Un enseignant qui aurait ce comportement, de nos jours, irait directement en prison. Même si, à l’époque, les instituteurs étaient sans doute plus sévères qu’aujourd’hui, ce type de conduite devait être malgré tout assez exceptionnel.

LES ELEVES

Milieu sociologique

            Beaucoup des enfants fréquentant l‘école appartenaient au milieu rural : Valmondois, à l’époque, comprenait encore quatre fermes et deux moulins ainsi qu’un menuisier et un maréchal ferrant. S’y ajoutaient des enfants d’employés du chemin de fer ainsi que des enfants de commerçants : dans le village, à l’époque, on trouvait un boulanger, deux épiciers, un boucher, un marchand de couleurs, une mercière, un coiffeur, un marchand de charbon, un garagiste et six cafés. Il y avait quelques enfants dont les pères étaient prisonniers en Allemagne.

            J’idéalise peut-être le passé mais je ne me souviens pas de grosses disputes entre les élèves dans la cour de récréation ; beaucoup de jeux étaient communs.

Les jeux

            Les classes étaient mixtes mais, au moment de la récréation, les élèves étaient répartis entre deux cours, séparées par un muret, l’une pour les filles, l’autre pour les garçons (par contre, après la classe, garçons et filles se retrouvaient pour jouer ensemble).

            Je ne me souviens pas des jeux auxquels s’adonnaient les garçons mais ai un souvenir assez précis de ceux des filles qui, j’en ai l’impression, étaient fort différents des jeux actuels.

            Il y avait tout d’abord la marelle pour laquelle on dessinait sur le sol une sorte de croix comportant un certain nombre de cases. On utilisait des pierres plates que l’on poussait de case en case tout en sautant sur un pied et sans toucher le bord des cases. C’était à qui ferait le moins de fautes.

            Il y avait des balles (type balles de tennis) avec lesquelles il fallait jongler, soit en l’air soit contre les murs. Les plus habiles utilisaient deux ou trois balles, quelquefois quatre, en ajoutant même à la difficulté en le faisant sur un pied ou en lançant d’une seule main, ou en passant les balles sous une jambe ou en tournant sur soi-même.

            Les cordes à sauter étaient utilisées soit individuellement soit à plusieurs, deux petites filles faisant tourner la corde de plus en plus vite pour une troisième qui se trouvait au milieu.

            Enfin, il y avait les rondes : les fillettes chantaient une comptine en se donnant la main et en effectuant des mouvements en rapport avec la chanson. Je me souviens de celle-ci :   Ah mon beau château, ma tantirelirelire - Ah mon beau château, ma tantirelirelo

         Le nôtre est plus beau, ma tantirelirelire – Le nôtre est plus beau, ma tantirelirelo

         Nous le détruirons ma tantirelirelire – etc

            Il y avait de nombreux couplets et, à un certain moment, un groupe se jetait sur un autre … pour détruire le château.

            On jouait aussi à « chat perché ». Je me souviens m’être « perchée », à la sortie des cours, sur le piédestal de la statue de Daumier.

Hiérarchie entre les élèves

            Devant la porte de la salle de classe, les enfants devaient constituer une file avant de pénétrer dans le bâtiment (une file pour les filles, une autre pour les garçons). Une règle non écrite – et dont j’ignore l’origine - voulait que leur rang, dans cette file, soit déterminé par leur place dans le classement mensuel. Etant la plupart du temps première, c’est donc à moi qu’il revenait d’ouvrir la marche.

            Certaines camarades venaient me demander comme un service de prendre ma place en tête du rang, ce qui ne me dérangeait pas du tout. Je pense que d’autres tractations se déroulaient pour les places suivantes. Cela n’entrainait aucun avantage, il s’agissait d’une simple gloriole. Au vu de cette expérience, je ne m’étonne pas que, devenus adultes, certains fassent des bassesses pour obtenir des décorations !

LES BATIMENTS D’ECOLE

Les classes

            Il s’agissait des mêmes bâtiments que ceux utilisés actuellement. Toutefois, la classe des « grands » occupait ce qui est maintenant la salle des mariages de la mairie.

            Dans les classes, les pupitres étaient en bois et prévus pour deux élèves côte à côte. Les tablettes pour écrire et les sièges étaient d’un seul tenant. Sous la tablette, se trouvait une case destinée au rangement des cahiers et des livres.

Deux trous permettaient de placer des encriers en porcelaine blanche où l’on versait périodiquement une encre bleue-violette ; celle-ci pouvait faire de superbes taches sur les cahiers où l’on écrivait avec des plumes « sergent-major ». Il fallait sécher cette encre à l’aide de buvards ; lorsqu’un morceau de buvard tombait accidentellement ou volontairement dans l’encrier, la plume en extrayait une sorte de bouillie dont il était difficile de se débarrasser.

On rédigeait soigneusement sur des cahiers mais les brouillons se préparaient à l’aide d’ardoises sur lesquelles on écrivait avec une sorte de stylet spécial.

Le bureau de l’instituteur était placé sur une estrade. Il fallait également monter sur cette estrade pour accéder au tableau noir, élément central de l’enseignement. C’est là qu’on écrivait la date du jour, les modèles d’écriture ou des phrases de morale.

Dans un coin se trouvait un poêle, seul élément pour chauffer la classe. Sur les murs figuraient diverses cartes de géographie.

Les sanitaires

            Il s’agissait de wc « à la turc » dans leur forme la plus primitive : un bloc de béton avec un simple trou au milieu ; pas de chasse d’eau et aucun robinet pour se laver les mains. Il pouvait arriver que des enfants visent mal et que leur petit caca reste sur le sol au lieu de tomber dans le trou. Cela gênait d’autres enfants qui, pour ne pas marcher dans les déjections, déposaient leur crotte un peu plus loin. De fil en aiguille, on pouvait, certains jours, aboutir jusqu’à la porte. Sans parler des traces de doigt sur les murs. Une horreur ! Rien que d’y penser, à l’heure actuelle encore, j’en ai des hauts-de-cœur !!

L’ENSEIGNEMENT

Les matières enseignées

            Les classes étaient divisées en plusieurs sections, en fonction de l’âge des enfants. L’instituteur devait jongler entre les activités, donnant des devoirs aux petits pendant qu’il faisait cours aux grands et vice-versa. En fait, beaucoup de leçons étaient communes.

            C’était plus particulièrement le cas des dictées auxquelles nous étions soumis chaque jour avec, il faut le dire, d’excellents résultats en orthographe.

            L’arithmétique était également un élément central de l’enseignement. Cela peut paraitre caricatural mais effectivement on nous demandait d’étudier le cas de baignoires qui se remplissaient d’un côté tandis qu’elles se vidaient de l’autre. De même, des trains partaient de gares différentes, pas à la même heure, ni à la même vitesse et il fallait calculer l’heure et le lieu de leur croisement.

            Le livre d’histoire couvrait toute la période allant des Gaulois jusqu’à la guerre 1914-18. Les bonnes années, nous arrivions au règne de Napoléon et, les mauvaises années, nous finissions au règne de Louis XIV.

            Les cours de géographie concernaient uniquement la France, ses montagnes, ses cotes, ses fleuves, ses canaux, etc… (en plein conflit mondial, il aurait été difficile de traiter des pays étrangers).

            Nous récitions des poésies et nous avions également des cours de chant.

            Ayant, la dernière année de la guerre, commencé la classe de 6ème à Pontoise puis étant revenue à l’école de Valmondois (voir ci-après), j’ai pu mesurer la différence qui existait à l’époque entre l’enseignement primaire et l’enseignement secondaire. Au lycée, on nous a donné à traiter le thème suivant : vos parents s’absentent une journée, que faites-vous ? Dans ma rédaction, j’ai énuméré toutes les choses qui m’étaient défendues d’ordinaire et que je pouvais enfin faire ce jour-là. Cela a dû beaucoup amuser le professeur de français qui m’a attribué une excellente note. Revenue à l’école de Valmondois, le même sujet de rédaction ayant été donné, j’ai tout simplement recopié mon texte. J’ai eu un 2 avec la mention « une petite fille de votre âge devrait savoir s’occuper utilement ».

La gymnastique

            Nous avions des cours de gymnastique dite « suédoise ». Par ailleurs, nous disposions, sous un préau, de différentes sortes d’agrès tels que corde à nœuds, corde lisse, anneaux et trapèze.

Je me souviens avec plaisir de m’être pendue la tête en bas sur un trapèze puis, aidée de l’instituteur, de m’être balancée de plus en plus fort pour enfin tout lâcher et me retrouver au sol sur mes deux pieds (les gymnastes actuels font cette forme de salut en fin de prestation).

Passage en classe de 6ème

            A l’époque, la scolarité n’était obligatoire que jusqu’à 14 ans. Beaucoup d’enfants s’arrêtaient à ce stade et entraient d’emblée dans la vie professionnelle comme apprentis. D’autres étaient dirigés vers un cycle particulier (le primaire supérieur) aboutissant au diplôme du « brevet ».

            Les rares élèves qui se dirigeaient vers l’enseignement secondaire devaient, pour ce faire, vers 11-12 ans, subir un examen permettant l’entrée en classe de 6ème. Je me souviens l’avoir passé à l’Isle-Adam, accompagnée de mon institutrice aussi fébrile que moi.

            On peut peut-être regretter que cette formalité ait disparu. Cela évitait ce que l’on déplore à l’heure actuelle : l’entrée au collège d’enfants ayant des insuffisances en lecture et en calcul et qui vont trainer ce boulet pendant toute leur scolarité car il n’y est pas porté remède dès le départ.

REPERCUTION A L’ECOLE DES EVENEMENTS EXTERIEURS

Omniprésence du maréchal Pétain

            Le portrait du Maréchal figurait un peu partout et, en tout état de cause, à la place où l’on trouve actuellement le portrait du président de la République.

            On nous faisait chanter « Maréchal, nous voilà ». J’ai oublié l’essentiel des paroles mais ai encore la mélodie dans la tête. Il ne s’agissait pas d’une initiative locale : les instituteurs recevaient des instructions précises à ce sujet.

            Un jour, ce devait être à Noël 1942-43, on nous a donné le devoir suivant : envoyer une lettre de vœux au Maréchal (là aussi, les instructions venaient d’en haut). Cela m’a beaucoup perturbée : je ne comprenais pas pourquoi je devais souhaiter la bonne année à quelqu’un dont, à la maison, j’entendais dire pis que pendre (mon grand-père était un vieil anarchiste - tout au moins en paroles – qui bouffait du militaire et du curé et le Maréchal représentait tout ce qu’il détestait). C’était une période où on n’avait pas intérêt à se faire remarquer ; par conséquent ma mère, pour la seule et unique fois de sa vie, a rédigé mon devoir et je n’ai eu qu’à le recopier. Les membres de ma famille ont compris ce jour-là qu’ils parlaient peut-être un peu trop librement devant les enfants.

Les bombardements

            L’année avant la Libération, j’ai intégré la classe de 6ème au lycée de Pontoise. Il ne s’agissait pas de l’actuel établissement ; le lycée de filles était à l’époque installé à l’Hermitage dans l’ancien couvent des Mathurins. Le trajet pour s’y rendre était assez long : il fallait aller à pied du centre du village à la gare puis monter dans un train hors d’âge ; arrivé à Pontoise, quelque 30 minutes de marche étaient nécessaires pour parvenir au lycée.

            Il y a eu des bombardements et par ailleurs les alertes se sont multipliées : les escadrilles venant d’Angleterre repéraient leur chemin en suivant l’Oise et étaient l’objet de tirs de DCA.

            Très curieusement, j’ai conservé de cette période un excellent souvenir (les enfants sont inconscients). A peine étions-nous installées en classe que les sirènes retentissaient ; nous nous rendions au fond du parc dans des abris qui étaient d’anciennes carrières. Alors commençait l’aventure ; nous parcourions les différentes galeries en nous éclairant à la bougie. Le plaisir que nous ressentions doit s’apparenter à celui que connaissent actuellement les spéléologues.

            Les bombardements devenant de plus en plus intensifs, mes parents se sont inquiétés et j’ai quitté le lycée de Pontoise pour revenir à l’école de Valmondois.

            A la rentrée suivante, la France ayant été libérée, je suis retournée au lycée de Pontoise. Toutefois, il n’était plus possible d’y aller par le train car les ponts avaient été détruits. Il fallait parcourir à bicyclette 10 km aller et 10 km retour. A l’heure actuelle, ceci est à la portée de quelqu’un de jeune et de sportif mais, compte tenu de l’état des vélos au sortir de la guerre, c’était une performance !

Les privations

            Chacun sait que, pendant la dernière guerre, la population a connu des restrictions alimentaires. Pour tenter de protéger les enfants de la malnutrition, on leur distribuait à l’école des gâteaux « vitaminés ». C’était des biscuits qui étaient probablement enrichis en levures.

            La municipalité devait se donner beaucoup de mal pour assurer le confort de l’école. Les salles de classe étaient convenablement chauffées et les repas à la cantine bons et nourrissants. Ajoutons que, Valmondois étant un village rural, les approvisionnements devaient y être plus faciles qu’en milieu urbain.

            Les enfants portaient tous des blouses d’écolier. Cela permettait de cacher une certaine pauvreté dans l’habillement. En effet, au fur et à mesure que se déroulait le conflit, il était de plus en plus difficile de se procurer des produits textiles. Heureusement, à l’époque, les femmes étaient encore expertes en travaux d’aiguille. Les grand-mères détricotaient des pull-overs usagés pour pouvoir tricoter des chaussettes. On allongeait les robes en incrustant des bandes de tissu en bas ou à la taille, etc.

            La plupart des enfants portaient des galoches. Là aussi, il a été de plus en plus difficile de se procurer du cuir, ne serait-ce que pour les réparer. Je me souviens avoir porté des chaussures – dont on n’a plus aucune idée maintenant – chaussures dont les semelles en bois étaient articulées.

            A tout cela s’ajoutaient des habitudes vestimentaires oubliées aujourd’hui. Les garçons portaient des culottes courtes, même en hiver ; le fait de revêtir des pantalons correspondait au passage à l’adolescence. Les filles de même allaient jambes nues, protégées de la bise seulement par des chaussettes plus ou moins hautes ; il aurait paru indécent qu’une fille porte un pantalon même par temps de neige et de glace – et Dieu sait à quel point les hivers de la guerre ont été rudes. Dans mes souvenirs, j’ai eu froid aux pieds pendant toute mon enfance.

Les doryphores

            Les pommes de terre étaient, à l’époque, un élément essentiel de l’alimentation. Malheureusement, cette culture souffrait des attaques d’un insecte, le doryphore, qui mangeait les feuilles. Leur pullulement ayant coïncidé avec l’arrivée des troupes d’occupation, à leur sujet, on parlait indifféremment de « boches » ou de « doryphores ».

            Aucun traitement chimique n’étant disponible à l’époque, il arrivait que les enfants des écoles soient amenés dans les champs pour lutter contre ce fléau. Il s’agissait à la fois de ramasser les insectes ainsi que, en soulevant les feuilles, de repérer celles sous lesquelles des œufs de doryphores avaient été pondus, de les couper et de les mettre dans une bouteille pour destruction ultérieure.

            On peut se demander dans quel état étaient les champs après le passage d’une telle troupe de gamins.

           

Les poux

            Un jour, on s’est aperçu que j’avais attrapé des poux ; les poux étaient partis mais il restait leurs œufs. Aucun produit n’étant disponible à l’époque pour lutter contre cette infection, ma mère et ma grand-mère ont passé, ce qui m’a paru être des heures, à me peigner quasiment cheveu par cheveu pour éliminer les lentes. J’étais morte de honte d’être une « pouilleuse ».

IMPRESSION GENERALE

La vie à l’école de Valmondois, évoquée ci-dessus, correspond à la guerre 1939-45. Pourtant, curieusement, je m’en souviens comme d’une période de grande liberté, ce qui mérite une explication.

A l’heure actuelle, les parents surveillent en permanence leurs enfants, craignant les accidents de voiture et les mauvaises rencontres. A l’époque, on avait peur des bombardements ou des troupes d’occupation mais on était sans méfiance concernant l’environnement proche ; par exemple, dans la journée, les portes des maisons n’étaient pas fermées.

Les enfants jouissaient ainsi, après l’école, de la possibilité d’aller et venir dans le village, sans obligatoirement dire à leurs parents où ils allaient. Nous nous rendions les uns chez les autres pour jouer. Nous prenions aussi nos bicyclettes pour parcourir le village, allant aussi bien au bord de l’Oise qu’au moulin de la Naze ou sur le haut des Friches… et il ne nous arrivait rien de mal.

                                                           Solange CONTOUR