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Eau (Nero)

En Grèce, l’eau fraîche et pure est rare et par conséquent précieuse.

Dans l’antiquité, toute une mythologie (naïades, etc.…) s’est développée autour des sources.

A notre époque, le verre d’eau est toujours signe d’hospitalité. C’est ainsi que, lorsque vous vous installez dans un restaurant, on vous apporte un verre d’eau avant même de prendre votre commande (la même coutume existe aux Etats-Unis mais, là-bas, l’eau a un effroyable goût de chlore).

Si vous êtes reçu à la campagne chez un particulier, on vous sert immédiatement un verre d’eau où trempe une cuillerée de confiture (c’est l’ancêtre du sirop).

Si vous avez soif, n’hésitez pas à frapper n’importe où : l’eau est une chose que l’on ne peut pas refuser. Vous pouvez même entrer dans n’importe quel café ou restaurant et demander un verre d’eau ; non seulement on vous le servira aimablement mais on ne vous fera rien payer.

A contrario, servir un verre d’eau tiède constitue une injure grave. L’un de mes amis grecs, exerçant entre autres activités les fonctions de consul d’un pays nordique, a pour cette simple raison refusé pendant toute une journée de s’occuper d’un bateau de plaisance qui avait des ennuis avec la douane !

Café (se prononce café)

Vous serez peut-être surpris par le breuvage que l’on vous servira sous ce nom (dans des tasses minuscules toujours accompagnées d’un verre d’eau bien fraîche).

On y trouve en effet autant à manger qu’à boire, le café moulu étant mis à bouillir en même temps que l’eau dans de toutes petites cafetières à long manche.

Bien qu’il s’agisse de la même chose, surtout ne demandez pas de « café turc » car vous risqueriez d’avoir avec le garçon une explication orageuse (voir rubrique « politique »). Demandez un « café grec », ce qui est normal. Les amateurs de café ont d’ailleurs trouvé un moyen terme : il n’est ni turc ni grec, mais « byzantin ».

Ce café est servi déjà sucré. Il faut donc préciser si vous le voulez très sucré (vari glyco) ou modérément édulcoré (metrio) ; sans sucre se dit « sketo ».

Dans les endroits fréquentés par les touristes, on trouve du café type « occidental ». Mais ne vous attendez pas à consommer un délicieux expresso à l’italienne ; on sert du café « américain ». Souvent même, on vous apporte un pot d’eau chaude avec un petit sachet de café soluble.

Bière (prononcer birrra)


Elle est en général légère et peu alcoolisée, bien adaptée au climat chaud. On en consomme d’énormes quantités aussi bien avec les repas qu’en dehors des repas.

Ouzo

C’est l’apéritif grec par excellence. Il s’agit d’une anisette qui se présente sous la forme d’un liquide incolore, lequel vire au blanc lorsqu’on le mélange avec de l’eau (les turcs qui, sous le nom de raki, consomment une boisson similaire, l’appellent « lait de lion »).

Dans les endroits touristiques, on sert l’ouzo « on the rocks ». Dans les cafés typiquement grecs, on l’apporte dans un petit verre ou dans une bouteille minuscule, accompagné d’un grand verre d’eau.

Les anciens boivent successivement une gorgée d’ouzo et plusieurs gorgées d’eau, si bien qu’un seul ouzo peut occuper toute leur soirée. Les jeunes générations, généralement plus argentées, versent un peu d’eau dans l’ouzo.

Cet apéritif est toujours servi avec des amuse-gueules. Rien à voir avec nos amandes et autres biscuits salés ; il s’agit généralement de quelques olives et de petits morceaux de pain sur lesquels on a déposé une rondelle de concombre ou un petit morceau de fromage, de saucisson, de calamar grillé, le tout tenu par un bâtonnet style allumette.

Vous voudrez certainement rapporter une bouteille d’ouzo. Je vous signale que la meilleure marque est le « San Rival ». Toutefois, vous serez peut-être déçu : à chaque fois que je reviens de Grèce, je ramène une bouteille d’ouzo mais, curieusement, je ne lui trouve plus le même goût à Paris ; il doit manquer l’odeur des pins, l’ombre de la treille et la brise de mer.

Vin (prononcer Crassi)

Pratiquement, toutes les régions de Grèce produisent du vin. On trouve du rouge (kokino), très peu de rosé et surtout du blanc (aspro).

Personnellement, j’apprécie surtout le vin blanc, mes crus préférés étant le Demestica et le Santa-Elena. Le vin de Samos est aussi très bon mais il faut bien faire attention car il en existe deux sortes :
un vin très liquoreux que l’on peut consommer en apéritif et qui s’apparente à un Xeres.
Un vin de table normal.

Si, au cours de vos excursions dans la campagne, vous êtes invités par un agriculteur à visiter sa cave, appréciez son hospitalité mais ne vous réjouissez pas trop vite car beaucoup de viticulteurs n’ont pas le génie de la vinification. Mon goût de l’aventure m’a souvent amenée à consommer ainsi d’abominables piquettes.

Pour cette raison, les grecs de l’antiquité mettaient de l’eau dans leur vin. En outre ils ont pris l’habitude, pour mieux le conserver, d’y ajouter de la résine. Cette coutume est parvenue jusqu’à nos jours et une bonne partie de la production de vin grec est résinée (retzine).

Personnellement, j’ai mis pas mal de temps à m’habituer au vin résiné mais, maintenant, je l’apprécie beaucoup. Votre première réaction, toutefois, risque d’être analogue à celle de mon frère, à qui j’ai voulu faire goûter ce vin et qui m’a accusée de lui faire boire du Mir rose.

Dans vos sorties nocturnes, on vous proposera sans doute du whisky mais il est cher et pas toujours excellent. Je vous conseille donc d’adopter l’habitude grecque de consommer, le soir, des bouteilles de vin bien frappées, accompagnées de fruits coupés en tranche et rafraîchis (pastèque, melon, pêche) ; le goût du vin fait ressortir le goût des fruits et vice-versa.